La forêt d'Ysahna

Aah...Evidemment, je ne pouvais être déçu que ce charmant petit groupe n'ait rien vu d'inhabituel...Cela aurait été bien trop simple...
Je les regardais tous avec une certaine tendresse. Ils avaient été avenants, doux, et n'avaient pas hésité à me venir en aide. Ciel, j'étais si fier de mon peuple, si touché...Je mesurais ma chance d'être souverain d'un royaume si fabuleux. Ce n'était pas moi qui le rendait fabuleux. C'étaient eux. Tous autant qu'ils sont. Un roi n'existe pas sans un peuple pour faire vivre son pays. Chacune de leur vie était bien plus précieuse que ne pouvait l'être la mienne.
Je leur souris alors.

"Ne t'inquiète pas, petit Neko. Ariès ne te fera jamais aucun mal. De tout coeur, je vous remercie tous les trois pour vos précieuses informations. Vous êtes un groupe absolument charmant. Il est magnifique de voir telle entente entre origines si différentes...Je vous en prie, ne changez jamais rien. Gardez cette paix, cette harmonie. Si vous continuez en cette direction, vous rejoindrez alors les chemins fleuris. Vous faites un très bon choix en vous rendant à Jesthia, c'est là une bien merveilleuse ville".

Je m'approchai de chacun d'eux afin de leur offrir individuellement une petite bourse de 300 po, les remerciant encore.
Puis, je caressai la douce encolure de mon peryton, et l'invitai à fendre les airs, s'élançant après quelques pas de course.

Je n'eus pas le temps de remercier cet énergumene, qu'il se volatilisa sur son coursier ailé.

Je souspesais la lourde bourse que l'élégant personnage nous avait offert.

Il me suffit d'un regard posé sur mes compagnons pour réaliser à leurs mines surprises que, eux non plus, ne parvenaient pas à comprendre un tel geste.

Le sol avait fini par abîmer mes sabots qui n'avaient décidément pas l'habitude de ces sols agressifs. J'avais besoin de retrouver un maréchal ferrant.
Il ne me tardait pas réellement de me retrouver en ville. Il est désagréable de marcher dans leurs rues étroites et me frayer un chemin dans les échoppes qui n'étaient pas à ma taille.

Il était évident que les rares centaures qui s'y trouvaient n'étaient là que pour le commerce. Je renaclais à l'idée et contemplais les vieux panneaux que le temps avait grignoté par endroits.

La poussière soulevée par le galop du cervidé mis quelques minutes pour disparaître finalement et laisser apparaître plus clairement les fleurs sauvages qui ne cessaient d'éclore tout autour.

Jesthia alors... Je n'avais plus grand chose à dire. Une étrange nostalgie avait serré mon cœur quand je m'engagais tranquillement sur (Le chemin fleuri)[/quote]

Il nous a trouvé charmants, il nous a trouvé charmants ! Nous sommes charmants !
Et quelle générosité...Je n'en revenais pas ! Je me demandais combien de bols de lait pouvait offrir une bourse d'un tel poids...
Il ne pouvait plus m'entendre, alors, intérieurement, je le remerciai de tout coeur...Si généreux...
J'étais ravi. Abasourdi, mais ravi !

Je ne pouvais chasser l'image de cet étrange cerf de mon esprit. Je crois que j'avais eu un petit coup de coeur pour cette créature ! J'espérais pouvoir m'en procurer un, un jour...Certainement pas aussi élégant. Mais un cervidé, tout du moins ! Est-ce que cela boit du lait, un cerf ?
Ce qui est génial avec eux, c'est qu'ils offrent multiples endroits où dormir ! Leur dos, leurs bois...Pratique !

Heureux de ce futur nouveau projet d'acquisition, je m'engageais en sautillant sur les chemins fleuris.
Jesthia, nous voilà !

(Le chemin fleuri)

Un noble bien généreux, donc. Voilà qui n'était pas pour me déplaire. J'avais laissé la fortune familiale au manoir, ceci était alors un coup de pouce non négligeable.
Son départ précipité me fit plonger dans un regret certain. Nous pouvions sentir la puissance de cet homme, sa noblesse... J'aurais aimé avoir le temps de lui demander s'il avait, un jour, rencontré un Eladrin qui émanait de puissance, certes pas à son point, mais l'aura était bien là. Bien plus que ça...
Aa... Je me dis qu'après tout, ce généreux bienfaiteur était dans la Lumière, là où Il était dans les ténèbres, je me consolai ainsi. Il y avait bien peu de chances qu'ils se connaissent... Tant pis. Le passé est ce qu'il est, l'homme est parti, nous ne pouvons pas revenir là-dessus.

Je regardais Meito qui avançait joyeusement le long du chemin. C'était agréable, un moment de paix, comme si rien ne pouvait nous arriver. Il n'était nulle crainte de monstres ou de voyous désireux de nous dérober quelques biens. Etait-ce là de l'imprudence ? De la naïveté, peut-être ? Je n'aurais su le dire. Profiter seulement de ce calme, ce chemin qui baignait dans les doux rayons du soleil, que les branches d'arbres laissaient passer cette fois. Cette végétation devenait de moins en moins dense, jusqu'à n'être dispersé qu'en parcimonie de-ci de là, laissant place à un type de flore fleurissante, dont les couleurs dansaient sur une même toile.

(Le chemin fleuri)

(Le bosquet)

Le hameau nous était apparu étonnamment facilement. C'était louche. Mais tant mieux ! Enfin ! Pacte conclus !
Même si nous n'avions plus de mission ici, car ils n'avaient vraisemblablement plus besoin d'aide. Pas grave. Le pacte, c'était tout ce qui comptait.

Je m'approchai du premier enfant elfe venu et lui donnai mon horrible épée en caoutchouc. En voilà au moins un à qui ça faisait plaisir. Débarrassé !
Bon. Et bien. Quitte à être là, autant faire un tour du village.

Des cabanes, au sol et dans les arbres, des petits potagers, quelques petites échoppes où ils pouvaient s'échanger tout ce dont ils avaient besoin. Ca me rappelait bien des souvenirs...
Je regardai le petit étal d'une de ces boutiques de fortune, et acquis une lime et un petit récipient. L'idée de la poudre d'écaille était toujours là... Je l'imaginais scintiller sur mes paupières, du plus bel effet.

Les Elfes, curieux de voir un groupe si dépareillé, nous invitèrent à partager leur repas.
Même si ça ne m'enchantait pas de me coltiner un troupeau de nouvelles personnes sans intérêt, la nourriture gagnait sur tout. Partageons donc.
Le mélange de légumes et fruits de la forêt était un délice, ils savaient vraiment y faire pour les accommoder. Qu'ils soient crus ou fumés sous la braise, prenant le goût des feuilles diverses qui les entouraient, c'était une ôde au palais. Quel dommage qu'ils ne puissent pas manger en silence...
Et ça y allait de leurs questions, et qu'est-ce que vous faites, et comment est-ce que vous vous êtes rencontrés, et gnagnagna. Est-ce que je vous demande, moi, pourquoi est-ce que vous vous enterrez ici, non, alors.
Afin de ne pas les envoyer promener avant la fin du repas, je laissai les deux autres répondre à ma place, je supposais en tout cas. Je n'écoutais pas.

(Le bosquet)

L'entousiasme avec lequel les elfes nous avaient accueilli dans leur villages était... Inattendu. Je n'avais hérité que de quelques regards desaprobateurs, ou froids. Rien d'inhabituel en somme.

Je pouvais laisser ce pendentif alors... J'attachais cette pierre épaisse et mal taillée à la première branche venue. N'importe qui pourrait le revendiquer.

Cela était fait. Il n'avaient plus besoin de nous... Ce pétale semblait être la quête la plus directe pour me rapprocher de mon clan.

C'était la seule chose qui importait vraiment.

Les elfes amicaux se pressaient tout autour, ils nous convièrent à leur table.

C'était... C'était trop. Beaucoup trop. Je ne parvenais pas à entendre les conversation. Mes muscles commençaient à trembler. Je ne comprenais pas. J'etouffais. Le monde n'était plus vraiment là. Tout était engourdi. Flou.

J'avais à peine eu le loisir de goûter à ces mets colorés. Ils n'étaient que cendre dans ma bouche à cet instant précis. Je ne voulais que m'enfuir.

Je bredouillais une vague excuse et me derobais comme un chat. L'animation était telle qu'ils ne m'avaient probablement pas remarquée.

Je mis fin à ma dérobade contre le tronc d'un chêne qui supportait une maison. Alors seulement je sentis mon coeur raisonner dans mes tympans, à un rythme aussi soutenu que s'il avait subi une longue course.

Mes jambes tremblaient. C'était ridicule. Pourquoi mon corps me trahissait ainsi? Il avait tant combattu. Tant lutté. Comment pouvait il se rompre sous mes pieds alors qu'aucun combat na'avot été engagé?

Oh Morgana... Faites que le départ soit proche.

Sous nos yeux s’étendait un petit village. Il ne débordait, comme je m’en doutais, de technologie mais de magie.
C’était superbe, des petites orbes lumineuses voletaient en tout sens, mais d’une lenteur apaisante. Ce n’était pas leur lumière qui éclairait ce village, mais elles rajoutaient un charme indéniable. Certains bambins s’amusaient à les attraper pour les relâcher dans la seconde, ravis
Mon compagnon fit un heureux, en donnant son épée, un petit chevalier cria de joie et parti courir avec les autres. Et je vis discrètement une fine main accrocher une décoration à un arbre, une façon originale de s’en débarrasser qui me fit sourire.

Ces habitants étaient joyeux, innocents et curieux, sans crainte, ou sinon ils le cachaient bien, ils nous invitaient à nous reposer et nous repaitre d’un bon repas. Un bon repas ? En forêt on a vite fait le tour...

L’un d’entre eux vit ma légère blessure et y apposa une bande de lin propre. Ce peuple était vraiment attentionné. Je l’en remercia vivement !

Un banquet champêtre s’étaient peu à peu installé, et je dois avouer que j’étais bien surprise, beaucoup de ces aliments m’étaient connus mais je ne les pensais pas comestibles...à trop traîner dans les villes on oublie des choses...jamais lors de mes voyages je n’avais tenté un truc inconnu ramassé par terre...
Mais eux savaient bien se qu’ils faisaient. Les questions fusaient, je rigolais sur celle qui nous avait réunis, je préférais répondre en surface, pendant que ma compagne s’excusa et s’éloigna visiblement mal à l’aise et que l’autre guerrier était devenu subitement muet...où était passé ses répliques claquantes ?
Je gardais aussi la quête du pétale pour nous, sait on jamais un ne veuille nous le voler !

Tout ce petit monde me rappelait bien des souvenirs du cirque, certes nous étions moins nombreux, même si souvent le soir des invités s’incrustaient, mais tout autant bavards et agités. Je m’y sentais étrangement bien...

Hmm?

Du coin de l'oeil, j'observais la Shadar-Kai, s'enfuyant après une excuse douteuse. Son teint gris était plus pâle qu'à l'accoutumée, elle ne semblait vraiment pas dans son assiette -ni dans celles des Elfes, vraisemblablement- et détalait avec une démarche que je ne lui connaissais pas. Tiens, tiens...

Je me levai sans un mot, pourquoi présenter des excuses pour ça ! Et la suivis discrètement. Elle était tremblante, haletante, contre le tronc d'un vieux chêne qui n'avait rien demandé à personne. Tu vas lui refiler tes mauvaises ondes, Shadar.
Alors que je l'observais, tout se bousculait dans ma tête, avec des sentiments et envies contraires. Se moquer ? Se soucier ? Je veux savoir ce qu'elle a. Oh et puis, je m'en tape. Mais qu'est-ce qu'elle a ? Est-elle blessée ? Les Elfes l'ont-ils empoisonnée ? Petite nature héhé.

...

Je sortis de ma cachette, et me collai contre un tronc, à distance raisonnable. Bras croisés, un pied relevé sur l'écorce accueillante de notre feuillu ami.

"Tout va bien ?"

Pourquoi. Nom d'une libellule.

"Tout va bien?"

J'avais manqué de sauter à la gorge de l'élément perturbateur qui avait surgi sans crier gare en un battement de coeur. Je ne l'avais pas entendu arriver.

Je soupirais lourdement et pris de nouveau appui sur le large tronc.

Qu'est-ce qu'il faisait là de toute façon, pour l'amour de Merlin? Et pourquoi, par les anciens Dieux, pourquoi, la terre tanguait?

Il m'avait fallu un temps pour enregistrer ses mots.

"Tout va bien?"
C'était une question étrange. Est-ce que je saignais? Est-ce l'un de mes membres avait l'air cassé? Je l'aurais senti. Je palpais rapidement l'arrière de mon crâne. Il n'y avait pas d'hémoglobine sur mes doigts.

J'allais bien. Définitivement. Il n'y avait aucune plaie à déplorer, aucun membre injurié.

Alors pourquoi cette question? J'essayais de répondre sur le ton le plus neutre qui puisse être;

"Évidemment, pourquoi? "

La faiblesse de ma voix m'avait moi même surprise.

Il était parti aussi...mal à l’aise ou inquiet ? Je souris, ces deux là allait pouvoir discuter un peu, j’espère de façon calme.
Plus notre groupe sera soudé, mieux cela sera pour notre périple. Je ne sais pas quand il s’arrêtera, ni si nous atteindrons nos objectifs, mais nous nous entraiderons.

Le feu crépitait et dansait, les enfants étaient déjà couchés, et les rares qui restaient somnolaient sur leurs semblables, les adultes discutaient, mangeaient et riaient.
Apparemment très peu de ces elfes ne s’étaient aventurés à l’extérieur, le monde extérieur, était pour eux plein de vices et de mal... je ne pouvais leur donner tord, ni raison...

Quitter le cirque avait été tellement compliqué au début, pourtant c’était notre rêve de parcourir le monde. Pourtant, j’en regrettais même mon choix par moment. Quitter un cocon, est toujours perturbant...heureusement je n’étais pas seule dans l’aventure, nous nous soutenions...nous rêvions, inconsciemment ma main se porta à l’anneau. Je le fis rouler, le métal était comme brûlant...
Je leur raconta quelques voyages et endroits merveilleux que j’avais pu contempler. Notamment les cascades se transformant en feu à la tombée du jour quand les rayons du soleil se mélangent à l’eau si pure, c’était magique et unique
Mais je leur avouais que oui, le mal y était présent, car plus des gens différents partagent une terre, plus il y a de risque de discorde...Les points de vues divergeaient...

Nous discutions cuisine également, comment reconnaître les plantes comestibles...même si je ne pense pas me souvenir de grand chose, ça pourrait être utile, en tout cas c’était passionnant.
Mais surtout, « si tu ne sais pas, tu ne manges pas » cela me fit rire, enfin...une fraction de seconde, avant qu’un des leurs ne me dise qu’ils ont déjà recueillis des gens empoisonnés aux alentours, la grande majorité sauvées, mais ça...je m’en souviendrais.

Nous n’étions qu’à peine une poignée à veiller autour du feu, plus calmes, plus silencieux, les autres s’étant éclipsés au fur et à mesure...

Je jetais un coup d’œil de temps en temps vers mes deux compagnons, et tout semblait paisible, je ne sais pas de quoi ils discutaient, mais ce n’était pas une prise de tête.

J’appris que nous pouvions passer la nuit dans un des petits logements si nous le souhaitions, c’est serviable, mais la décision se prendra avec les autres.

"Évidemment, pourquoi? "

J'étouffai un petit rire. Pourquoi ? ... C'était quand même plutôt flagrant, non ?
Sa voix faible, son souffle court, ses jambes tremblantes... Etait-ce seulement possible qu'elle ne s'en rende pas compte ?
Mais d'où est-ce qu'elle sortait, ce n'est pas possible. Ou alors elle me faisait une blague et me prenait pour un dindon en me répondant ironiquement ?
Elle semblait sincère. Hmm. Alors elle ne devait réellement pas savoir...

Réfléchissons.
Pourquoi s'était-elle rendue mal d'un coup. Contexte. Des rires, de la nourriture, des questions, plein de gens... Ah.
Je m'assis par terre et pris une pomme de pin entre les mains afin de les occuper. Non, pas jouer, s'occuper.

"Phobie sociale, hein ? T'inquiète, ça me saoule aussi."

Je la regardai droit dans les yeux.

"D'où est-ce que tu viens ?"

Je me fichais éperdument de ses origines. Mais je voulais comprendre d'où une personne aussi antipathique venait, et pourquoi cette peur sociale. J'avais mes raisons. Je voulais connaître les siennes. Pas pour elle. Pour moi.

Il m'examinait avec une expression étrange. Curieuse peut-être?

Phobie sociale? Est-ce qu'il savait seulement que je ne parlais que la langue commune? Ce n'était pas vraiment une question alors je n'avais pas à lui exposer mon ingnorence. C'était tout aussi bien.

"D'où est-ce que tu viens?"

Il n'était pas sage de dérouler mon existence à un inconnu. Je n'avais, cependant, pas à lui tracer une carte jusqu'à notre village. J'étais encore un peu fatiguée par l'épisode précédent, quoi que, mes battements de coeur se soient suffisament espacés pour prétendre d'être de retour à la normale.

C'était inhospitalier voilà tout. Assez loin dans les montagnes et le froid pour que nul ne vienne nous importuner.

"Une vallée pierreuse et sèche. Les miens se cachent dans les flancs des collines rugueuses et sur la plaine au pieds des précipices, qui vomit la poussière que le vent amasse chaque jour. L'air est sec dans les environs de Nitai."

Je marquais un temps.
On ne soutenait pas nos yeux criblé de nuit. Ou jamais aussi longtemps. On les fuyait. C'était... Déconcertant. Assez nouveau aussi.

"Et toi. Où vivais tu avant de parcourir les routes?"

Après quelques échanges de plus, je m’excusai, expliquant que nous étions un groupe soudé. Et qu’ainsi, toute décision quant à rester ou reprendre notre route était un choix commun.

Je décidai de rassembler nos maigres affaires sous un arbre majestueux. Il semblait être la maison de toutes ses minuscules orbes opalescentes. Elles semblaient beaucoup plus calmes, comme si nous étions sous l’eau, le mouvement était ralenti...endormi...comme cette forêt à cette heure...
Étaient elles vivantes et douées de conscience ?

Bref...il me fallait attendre ou aller les déranger ? Je ne savais pas...ils avaient l’air calmes, vraiment, bonne nouvelle !

Je me décida, finalement, pour un signe de main, afin de savoir si je pouvais ou non les rejoindre de suite, ou si leur conversation était privée...
Pourquoi serait elle privée d’ailleurs ? Aucune raison, malgré les quelques mots parfois sarcastiques et tranchants, personne ne voulait tuer personne.
A part les individus malotrus et inconscients de nous défier ! Personne ne nous barrera la route ! Enfin j’espérais ne jamais tomber sur un dragon ou une autre entité quasi immortelle...
Le mieux serait que ce pétale nous tombe dessus, et hop, récompense et Notre Sublissime Altesse heureux !

L'endroit qu'elle me décrivit me semblait... Charmant, effectivement. Ce qui devait probablement expliquer l'état de ses pieds si elle avait toujours marché sans chaussures. Et aussi, l'isolement. Il semblait évident qu'elle n'avait eu que peu de contact avec la foule.
Je n'en saurais pas plus a priori, mais ça me convenait ainsi. Après tout, je ne demandais pas sa filiation sur 15 générations.

"Et toi. Où vivais tu avant de parcourir les routes?"

Hmm. Après tout, ça n'avait rien de secret. Moult espèces vivaient là d'où je venais... Il n'était pas obligatoire de préciser que c'était un peu reclus en forêt.

"Bellys. Un village en Avydia. Mais je ne peux pas dire que j'y vivais. On ne peut vivre qu'en étant soi."

Je fixai fermement ma pomme de pin en prononçant ces mots. C'en était déjà bien trop.
Mon oeil cependant fut attiré par le signe de main de Celeenya. Qu'est-ce qu'on me voulait encore, pas possible d'être tranquille 5 minutes.
Bof, après tout, c'était l'amie de la Shadar-Kai, moi, je ne devais rien à personne. C'était probablement elle qu'elle appelait.

Je posai la pomme de pin, et me relevai d'un bond, rejoignant le petit hameau, et me postai non loin de la férale pour entendre ce qu'il se passait, on ne sait jamais. S'il y avait du monstre à exploser...

"Bellys. Un village en Avydia. Mais je ne peux pas dire que j'y vivais. On ne peut vivre qu'en étant soi."

Il était difficilement possible de faire plus mystérieux. Je ne pouvais pas le blamer. Et pourtant, je sentais que c'était déjà beaucoup dans cette déclaration.

Il n'y avait rien à répondre. Apprécier le silence était suffisant.
Et la tranquilité qui commençait tellement à s'établir dans mon corps était bien assez pour rester là sans un bruit. J'aimais cet équilibre confortable.

Mon allié se leva soudainement en rencontrant la silhouette de Celeenya du regard.

Elle nous fit un signe assez franc et je l'imitais en comblant l'espace jusqu'à elle.

"Je vais leur demander si quelqu'un ici à des informations concernant le pétales pour notre route. Veux tu te joindre à moi? "

Je ne fus pas seule très longtemps, après avoir vu mon signe notre courageux guerrier vient se poster à quelques pas....il avait peur que je le morde ? Je n’ai pas la rage que je sache. Vexant ce garçon...joli et mystérieux... mais on voyait qu’il n’était pas méchant, sinon son épée nous aurait déjà transpercé en toute indifférence
Un léger bruissement d’herbe s’approchait,  j’étais intérieurement admirative, nous autres ferals avions une bonne ouïe, mais les Shadar-kai étaient vraiment furtif, avec l’agitation du jour, je ne l’aurais pas entendu...Notre petit groupe était réuni, et nos aventures allaient reprendre espère-je

Elle me demandait si je voulais se joindre à elle ?
Mais évidemment ! Seule, la tâche me semblait lointaine, mais à plusieurs cela aiderait grandement ! Plus il y a de cerveaux pour réfléchir, mieux c’est, mais pas trop quand même, je veux ma part du butin.

Et honnêtement, si ce pétale est si magique, il peut bien combler les attentes d’un petit groupe.

« Bien sûr que je t’accompagne, apparemment peu se sont aventurés à l’extérieur du village, mon choix se porterait sur le soigneur, il a dit plus jeune avoir été en quête de savoir médicinal, il a dû beaucoup lire dans différente contrée »

Je me tourna vers notre ami, l’invitant à rester dans le groupe « Nous sommes invités à nous reposer ici et partir demain si nous le souhaitons, ça me va, et vous ? »

Puis je résumais grosso-modo comment ils percevaient le monde extérieur, j’étais étonnée qu’ils perpétuent une image aussi négative auprès des jeunes....avaient ils peur que leur ethnie ne disparaisse si les enfants quittaient le nid ?...ou le croyaient ils vraiment si néfaste par rapport à une petite vie bien tranquille avec moins d’échange inter-raciale...?

Bref... notre groupe était un mélange étonnant, mais qui fonctionnait.

"Ça me va."

Inutile de se perdre en palabres inutiles suite à une simple question d'hébergement nocturne.

La Férale fit part de ce que les Elfes lui avaient confié. Etait-elle vraiment surprise ? Evidemment que le monde était rempli de personnes néfastes, inutiles, pourries, nulles, beurk. Pourquoi se donner le mal de les fréquenter ! S'ils avaient la chance de se sentir bien dans leur communauté... Grand bien leur fasse ! Pourquoi se chercher des problèmes qu'ils n'ont pas ici. Même si je n'enviais pas cette vie fade et monotone. Vie d'Elfes, en somme.

J'entendis parler du pétale. Hmm... Il revenait sur le tapis, celui-là. Il fallait que je reste prudent à son égard. S'il était perdu, ça m'arrangeait, plus personne ne ferait attention à ma différence, et je pourrai passer sans problème pour un Humain lambda. S'il tombait dans des mains douteuses... Qui sait ce qui pourrait arriver. Ce qu'ils pourraient en demander. Il fallait rester vigilant... Le laisser égaré. Ou le retrouver soi-même.
Je ne voyais pas les deux compagnes comme de potentiels dangers à ce sujet. Il serait donc plus simple de rester avec elles en quête de ce... butin. Même si ça ne m'enchantait pas plus que ça. Après tout... Peut-être aurons-nous de la chance, et le trouverons rapidement.


... Mouais. Je n'y croyais pas moi-même.
Bref. Dormir donc.

Je m'assis contre un tronc, hors de question de perdre de vigilance dans la hutte d'un inconnu. Je ne dors pas avec n'importe qui, trop dangereux.
Je sortis mes armes pour les inspecter, quelques petits impacts, mais rien de gênant. J'avais hâte de trouver un marchand pour acheter une pierre à aiguiser. Il fallait en prendre soin... Ces alliées de métal qui ne devaient jamais nous trahir.

Celeenya nous avait très soucieusement résumé des connaissances. Elle nous indiqua aussi que les elfes nous proposaient de rester pour la nuit.

Me reposer chez ces gens? Je n'allais pas dormir beaucoup. C'était un concentré bien trop important de meurtriers potentiels. Il me serait bien impossible de trouver le sommeil.

Je hochais positivement la tête à cette proposition malgré tout.

De ses explications, j'avais surtout retenu l'homme qui avait parcourus le pays a la recherche de connaissances.

Allons voir ce guérisseur alors. J'avais de nombreuses heures à tuer si je ne fermais pas l'oeil.

J'avais posé les yeux sur notre allié qui, s'était éloigné dans un lieu ouvert pour prendre du repos. Je n'étais pas la seule à douter de cette hospitalité.

"Très bien alors. La hutte qui fume à quelques pas je suppose."

Les colonnes de vapeur qui s'en extirpaient ne laissaient pas vraiment présager autre chose. Je ne serais pas surprise d'y découvrir quelques alambics.

Je me dirigeais vers l'habitacle de ce soigneur. Nous allions peut-être trouver un terrain d'entente.

Tout le monde était d’accord pour rester et repartir de jour
Ce qui je l’avoue était mieux...voyager de nuit ne me pose aucun souci, mais je ne savais si les deux autres pouvaient s’orienter dans l’obscurité et y décerner les dangers

De plus, ça nous permettrait de nous reposer un peu...

Une partie en direction de la cabane fumante, en quête sûrement d’informations
L’autre était parti se caler dans les bras, que dis je, les racines d’un arbre bienveillant. Et déballait ses armes...apparemment en vu d’un soigneux examen. Un vrai guerrier ! Avec lui je doute qu’une de ses lames cassent d’être mal entretenue....oui oui...ça arrive...ça m’est arrivé il y a bien longtemps maintenant
Depuis, je dépose à l’entretien mes armes quand je suis de passage en ville, car je ne sais vraiment pas faire ça. Au moins, dans les mains d’un professionnel, il ne devrait pas y avoir de souci.

Je me demandais ce que pourrait dire le soigneur. Certes il avait voyagé et avait l’air d’être plein de connaissances, mais en savait il sur un pétale disparu depuis peu ? L’avait il vu ? Touché ? Pouvait on le toucher ?
En fait, je ne savais même pas quoi lui demander sans lui exposer mes raisons...et il voudrait sûrement le pétale lui aussi...alors non bas les pattes ! Ma compagne était sûrement plus habile, elle avait l’air tellement discrète, et parlait peu mais très bien ! J’espère qu’elle ne sera pas trop vive dans ses mots...

Bon....voyons...montait il la garde ? Ou inspectait juste ses armes ?
Je m’approcha, valait mieux demander
« Souhaites tu te reposer un peu pendant que l’un de nous reste éveillé ? Puis nous échangerons »
Un guerrier en forme est un guerrier redoutable !!

Epée à la main, je lançai un regard d'une noirceur certaine à l'intruse, osant me déranger pendant l'inspection minutieuse de mes armes. N'a-t-on pas idée de déranger un guerrier solitaire qui s'isole loin du monde pour être tranquille. Il y a quelqu'un ? Les signaux ne sont-ils pas assez clairs ? Un soupir. Enfin. J'imaginai qu'il fallait que je fasse un effort si je devais voyager avec elles jusqu'à ce dit pétale.
Hmpff...

"Fais comme tu veux."

Et je me penchai à nouveau sur mes armes. Oui, c'était un effort, un gros même, puisse-t-on en douter.
Toutefois, quelque chose me tracassait, je ne comprenais pas. Pourquoi moi ? Voulait-elle seulement à tout prix que nous soyons un groupe uni, blablabla les licornes roses ? Ou était-ce autre chose ? Avait-elle peur de la Shadar-Kai ?
Je n'avais pas utilisé mon nympho-charme, et j'avais exprimé, je crois, clairement mon antipathie à l'égard du reste de l'univers. Je ne comprenais pas ce qui pouvait attirer chez moi...

Je levai à nouveau les yeux vers elle.

"Pourquoi n'es-tu pas allée interroger le guérisseur, avec ton amie ? Le pétale ne t'intéresse plus finalement, ou elle te fait peur peut-être ?"

Je la fixai, sourire narquois aux lèvres.

Celeenya avait rejoint notre allié. Je ne savais pas ce qu'ils allaient discuter et je m'en moquais. Si la décision concernant notre... Entreprise, alors, j'en serai informée assez tôt. Sinon, peu m'importait.

Je me présentais devant la hutte, la fumée s'échappait de la porte fragile et j'imaginais sans grande difficulté à quel point l'air devait être irrespirable.
Je frappais assez fort et quand une toux me répondit en guise de salut et m'invita à entrer, je m'engoufrais dans l'habitacle que la vapeur avait déjà revendiqué.

J'avais toujours le plus grand respect pour ceux qui occupaient une telle place au sein de leur communautés. Il était tellement plus facile de parler à ceux qui occupaient un rôle précis.

Je ne pus réprimer une quinte de toux et me.placais à sa hauteur en m'asseyant sur le sol sec.

J'attendais que l'homme m'invite à prendre la parole. Quand il m'y autorisa silencieusement j'articulais le plus posément possible;

"Vénérable guérisseur. Mes alliés et moi-même sommes en quête du pétale perdu. Pourriez-vous éclairer notre route?"

"Aaah...Jeune amie...Je vous vois pleine de fougue et d'attente. Hélas, je ne peux éclairer votre lanterne en ces jours sombres. Ma vieille carcasse a depuis des lunes échouée dans ce village pour ne plus en partir. Même si j'ai eu vent de la disparition récente du Sacré...Je ne sais rien de sa localisation, ou de son ravisseur. Mais prenez garde, Shadar-Kai. Bientôt, l'Harmonie disparaîtra de ce monde, s'il n'est pas retrouvé rapidement...Je n'ai plus la force de partir sur les routes à présent. Puisse la lumière guider vos pas..."

Il s'arrêta quelques instants.

"Peut-être votre route sera-t-elle longue. Prenez donc cela, pour vous et vos précieux alliés."

Désolé de ne pouvoir vous en apprendre davantage, le guérisseur vous tendit trois pains "Eternels".

Je ne savais pas ce à quoi je m'attendais après tout. Ce n'était que le début de mon périple, il aurait été dérisoire d'avoir une réponse aussi aisément.

L'harmonie... Que pouvais je bien faire de cela. La force était la seule chose qui avait toujours régi mon monde. L'harmonie était feinte. Il n'y en avait pas besoin. Il suffisait de connaître sa place, reconnaître ses maîtres, c'était suffisant.

Cependant, c'était... Confortable. Il ne m'avait pas toisé avec horreur ou dégoût. J'étais une simple voyageuse comme.il en avait déjà vu probablement mille autre.

J'acceptais silencieusement son présent avec le plus grand des respects.

Les sages n'apprécient pas la parole creuse. Je le saluais avec la plus grande déférence et quittait son antre.

Nous aurions bien besoin de nourriture. Un instant, l'idée de conserver ce pain me traversa. Je n'avais que faire d'une morale qui ne ressemblait pas. Je ne savais pas que qui m'avait poussée à rejoindre mon..
Groupe, contre le tronc épais.

Mon allié avait l'air de chercher un peu de paix. Je ne pouvais pas l'en blâmer. Il toisait Celeenya avec une certaine agressivité. Celle d'un animal agité qui essayait de repousser un intrus à la frontière de son territoire.

Peut-être avais-je brisé momentanément la tension qui s'était établie là en le présentant silencieusement un pain chacun.

Nous serions plus efficaces ensemble. Ce n'était pas inexact. Alors pourquoi cela ressemblait il à une excuse?

"Nous ne trouverons pas d'information dans ce village. Je crains qu'il ne nous faille nous diriger à l'aveugle demain."

Je bredouillais...non bien sûr que non
« Non évidemment, mais je la pense sûrement plus douée que moi...pourquoi avoir peur d’elle ? »
Je détournais le regard mal à l’aise, bien que son regard était perturbant il était aussi transperçant et me déstabilisait...je n’avais rien à cacher, et non je n’avais pas peur, mais je ne sais pas, je ne jugeais pas utile de l’accompagner...c’est tout
Qu’avais je donc fait ? Était il en si grande réflexion qu’il me jette ce regard et me lance une réplique sonnant comme un reproche d’être venue et pas d’être resté avec elle ?
Ça me faisait quand même mal, je n’avais aucune mauvaise intention envers lui, j’étais peu être trop causante ? Était ce un défaut chez lui ?
Chez nous c’était plutôt bien vu, parler à tout le monde et n’importe qui...surtout pendant les voyages où discuter innocemment avec un marchand permettait à l’autre d’emprunter quelques vivres ou objets...
peut être....non sûrement, qu’il n’était pas de ce genre...
ou qu’il s’était déjà fait avoir ? Je suis pas sûr...trop sûr des gardes
Peu de personne aimait les voleurs, on se proposera pas pour chaparder en ville, pas si je ne suis pas suivie...

Bon alléluia ! Le contact malaisant se brisa de la meilleure façon qui soit ! Du pain !!

« Oh merci beaucoup ! Ça sera très utile sur la route ! »

Pas d’informations, évidemment j’étais un peu déçue, j’avais tellement hâte d’avancer dans notre quête, mais tant pis, ça ne change rien

« Je proposais qu’on se repose à tour de rôle pour veiller les uns sur les autres, bien que je ne pense pas franchement qu’on soit en danger... »

Puis, je rejoignais par l’affirmative le fait qu’on devais avancer vers un autre lieu dès le levé du soleil, rien ne servait de s’établir ici.

Je rangeais le pain dans un petit sac accroché à ma ceinture. Bien précieux quand on parcourt les routes sans toit qui nous attend, enfin pour le moment, nous étions un groupe de voyageurs

Voilà donc le hameau dont le charmant petit groupe m'avait parlé auparavant...Il ne fut pas évident à trouver, même en survolant les lieux. La végétation qui ornait cette forêt était si dense...
En douceur, mon précieux peryton posa ses pattes sur le sol. La nuit était déjà bien basse à présent, et le monde était en proie à leurs rêves que je souhaitais les plus doux possibles. De fait, ce n'était pas le moment idéal pour déranger ces braves gens. Mais attendre signifier sacrifier un temps bien précieux, le prix était lourd à payer. Aah...

Tiens ? Trois semblait être le chiffre porte-bonheur ces derniers temps. Un autre petit groupe de trois personnes, tout aussi déparaillées que le premier, s'était isolé à l'extérieur du microscopique village, et était bien éveillé. C'était ma chance, nulle décision épineuse à prendre, je ne risquais de déranger personne. Je l'espérais, tout du moins. Que j'étais ravi de voir mon peuple se mêler entre eux, toujours en Harmonie.

Mmmh...Cependant, la tension était palpable. Un frisson d'effroi caracolait le long de mon échine. Le premier petit groupe semblait si uni... Le Chaos commençait-il déjà à faire son oeuvre ?

La gorge serrée, je m'avançai doucement. Non pas furtivement, je ne souhaitais pas les effrayer, simplement avec la délicatesse dûe à mon rang, et celui d'un bien joli Cerf Ailé.
Une révérence, toujours, main sur le coeur. Anxiété ou non, les bonnes manières se devaient de ne jamais être oubliées.

"Mes hommages, beaux aventuriers. Puis-je me permettre de quérir quelques renseignements ? A tout hasard, au cours de vos pérégrinations, auriez-vous aperçu un être, humanoïde ou animal, doté de plumes que vous n'aviez jamais vues avant ? Quelque chose...d'inhabituel ? Ou bien encore, auriez-vous entendu quelques rumeurs sur le pétale Sacré subtilisé au château ?"

Je crois en vous, peuple chéri. Je vous en prie...Rien qu'un indice...