Aah... Le temps paraissait être suspendu. Ou peut-être l'inverse, passait-il trop vite ? Je n'aurais su le dire...
Ce que je savais, mes inquiétudes grandissaient avec lui. Je ne pouvais supporter de rester ici. Ne serais-je pas plus utile sur le terrain ? Fausser compagnie à la garde et sortir incognito était un jeu d'enfants. Bien peu de monde connaissait mon visage à l'extérieur de ce domaine, c'était un avantage certain. Un souverain aussi peut être un tantinet timide...
Je ne pouvais laisser mon peuple chercher ce pétale à ma place, sans même participer à ces recherches. Il en était de mon devoir, de ma responsabilité. J'avais failli...Je n'avais accédé au trône que depuis peu de temps, et je n'étais déjà pas capable de protéger mon pays correctement. Je ne pouvais m'empêcher de penser que mon peuple méritait un bien meilleur roi...Mais le temps filait, oui. Je devais réparer mes erreurs, mon manque de vigilance ou mon trop plein de confiance, là encore je n'aurais su dire...Je n'avais le droit de me laisser en proie aux doutes, je n'en étais pas légitime. Ma faute, mes erreurs...
Je choisis mes vêtements les plus classiques. S'il n'était point possible de cacher ma noblesse, il était toutefois avisé de ne pas se parer de mes plus costumes, se couvrir des plus belles étoffes. Je me devais de rester prudent, et, le plus possible, de ne point me faire démasquer. Tout un défi...Et, bien entendu, est-il besoin de le préciser, retrouver ce pétale. Mais par où commencer ? Je ne possédais pas le moindre début de piste, si ce n'est cette plume...Cependant, bien mal m'en fit, des plumes, il pouvait en exister à chaque recoin de chacun de ces terres...
Qu'à cela ne tienne. J'étais préparé à fouiller chacun d'entre eux s'il le fallait.
Couvert, je sortis de mes appartements, pour me diriger vers les écuries royales. Mon bien fidèle destrier, un sublime peryton blanc immaculé, dont les bois naturellement ornés de pampilles cristalines, et le front d'une aigue-marine la plus pure, brillaient de milles éclats. Cet animal était magique en tous points, et était avant tout mon ami.
Je caressai un instant sa joue, posant mon front contre le sien, les yeux clos, la respiration lente.
"Mon bel ami...Il nous faut partir à présent...Aide-moi, prête-moi tes pas, souffre de me supporter à ton bord..."
Je sentis le souffle de son museau dans mon cou. Je souris. Je savais.
Tous deux, nous étions une équipe.
Avec grâce et élégance, je me hissai sur son dos.
Partons, maintenant...